Roman – Collection R
13 février 2014
17,90 € – 468 pages
Quatrième de couverture :
Un chant de liberté s’élève du fond des abysses, mais comment répondre à son appel quand un mur infranchissable vous en sépare ?
VOUS PENSIEZ ÊTRE AU PARADIS ?
Un gigantesque atoll, des plages de sable fin, une eau turquoise…
Un mur infranchissable.
IL VOUS FAUDRA D’ABORD VIVRE EN ENFER :
ARTICLE 1 : Tout contact physique, toute marque d’amour sont proscrits.
ARTICLE 2 : Il est interdit de chanter, d’écouter ou de faire de la musique.
ARTICLE 3 : Quiconque se livrera à ces activités illicites sera mis à mort.
VOUS N’ÊTES PERSONNE.
VOUS APPRENDREZ À OBÉIR.
Mon avis :
Un thème inabordé, des personnages puissants, une histoire qui se met en place. Voilà tout ce qu’est ce livre et qui m’a vraiment plu. Ce livre est une pépite de nombreux abords que je verrais par la suite mais qui montre tout de même que l’auteur y est pour grand chose puisque j’ai quasiment apprécié tous les livres que j’ai lu d’elle. Tout en ayant hâte de lire la suite, je vous remémore mes sentiments vis-à-vis de ce livre.
Tout d’abord, il faut dire qu’elle traite avec brio du thème de la différence dans un environnement très adéquat. En effet, sous couvert de fictions, Carina Rozenfeld nous montre à quel point la chose qu’on traite de différent peut paraitre banale à d’autres; en l’occurrence, ici c’est à nous que parait la chose différente comme banale. En effet, chanter et tomber amoureux, n’est-ce-pas ce que l’on fait de plus naturellement sans penser à la loi ? En effet, mais ce n’est pas le cas partout et à travers ces exemples l’auteur nous dévoile la stupidité des systèmes de pensées qui ostracisent certaines choses alors qu’il n’en est rien dans d’autres. Les différences sont donc contingentes, elles auraient pu ne pas exister. Dans un contexte d’assimilation des différences, l’auteur se permet de le rappeler mais avec un talent et une douceur incroyable.
L’autre thème est celui qui touche encore aux presque-tabou de nos sociétés, il s’agit du troisième genre. Quelqu’un qui ne serait ni féminin ni masculin mais neutre. J’ai trouvé ce thème ici original puisqu’il est généralement absent de la littérature de jeunes adultes et que l’intégrer dans un tel bouquin est vraiment fort puisqu’il fait réfléchir sur la question. Je n’ai pas de réel avis sur la reconnaissance d’un troisième genre qui existe notamment en Allemagne ou bien en Inde mais ce livre m’a donné envie d’en savoir plus sur la question. Le seul défaut de ce livre se trouve dans son manque de courage vis-à-vis de ce thème. Certes, l’idée que l’auteure trouve est intéressante et utile mais je n’y ai pas vu un véritable troisième genre comme certains se revendiquent aujourd’hui. Ce troisième genre est, dans ce livre, un moyen d’accéder aux genres classiques et je trouve cela quelque peu réducteur alors que le débat actuel est plus grand. Toutefois, je salue l’auteur d’avoir eu le courage de mettre un tel lien avec un sujet si souvent tabou dans cette littérature jeunes adultes que je trouve parfois un peu trop conformiste et lisse.
J’ai trouvé, outre les thèmes sensibles utilisés, ce livre bien écrit comme toujours avec Carina Rozenfeld. Je remarque d’ailleurs qu’elle écrit de mieux en mieux et j’apprécie cette métamorphose qui me fait apprécier ses textes qu’elle utilise souvent comme support d’une idée abstraite. J’aime l’idée de faire une saga sur la différence d’une manière assez subtile et de voir toutes les formes de dénigrement de la différence au profit d’une unité homogène. La suite semble aller sur le même genre et j’ai réellement hâte de lire la suite.
Les personnes qui sont l’incarnation de cette idée sont vraiment plaisants. Il faut dire que j’ai beaucoup plus appréciés Abrielle que Sa et Ca avec qui j’ai eu des difficultés vu leur états neutres et la façon que j’avais de les imaginer. Les questionnements d’Abeille et sa façon d’agir m’a vraiment touché, elle était tout simplement géniale et très bien construite. Je pourrais dire la même chose pour Sa et Ca mais le fait qu’ils soient neutres a bloquer mon cerveau. Non pas que j’avais une appréhension face à leur situation mais mon cerveau n’arrivait pas à imaginer un troisième genre donc il y avait un décalage entre le fait que je les appréciés mais sans avoir d’image d’eux. Toutefois, ce problème se résoudra vers la fin du livre, vous le verrez. Par ailleurs, l’utilisation de nouveaux pronoms comme « iel » ou bien « celuiel » m’a vraiment troublé au début puisque je ne savais pas à quoi cela faisait référence mais par la suite j’ai trouvé ça ingénieux et original. Je pense que si on venait jusqu’à une reconnaissance du troisième genre, ça serait intéressant d’ajouter ces termes à notre vocabulaire qui manque cruellement d’un troisième pronom.
J’ai vu certains critiquer la lenteur du livre, ce n’est pas complètement faux mais cela ne m’a pas grandement dérangé puisque j’appréciais beaucoup les personnages et que j’ai gouté au temps que l’auteur a pris pour nous les faire connaitre. Je dirais sans doute que c’est du au fait que l’auteur prends son temps d’installer l’histoire et que même si ce tome se suffirait à lui-même quant au contenu, elle imaginait quelque chose de plus important qui mérite de s’intéresser en profondeur aux détails. Donc, voilà, si vous avez trouvé gênant cette lenteur, est-ce sans doute dû à l’installation de l’intrigue plus générale de la duologie ?
Voilà une si longue chronique comme je n’en ai pas écrite depuis longtemps, mais ça m’a fait plaisir de chroniquer ce livre si intéressant du point de vue de ses originalités et ses prises de positions. En espérant que la suite sera à la hauteur. Il ne me reste sans doute plus qu’a vous le conseiller.
Il est dans ma PAL et j’ai hâte de le lire !
Je suis d’accord avec ton avis, j’attends la suite de pied ferme :D (J’aime pas attendre euuuuuuh :( )